Conservation des espèces
Les chasseurs occupent un rôle majeur dans la gestion de la faune sauvage. Ils assurent le suivi des populations à travers des opérations de comptages permettant d’observer, de recenser et d’évaluer les populations de gibier dans la Marne.
Ces comptages contribuent à l’établissement des quotas de prélèvement par l’outil plan de chasse. Ceci permet d’assurer une bonne conservation des espèces et aussi d’atteindre un équilibre agro-sylvo-cynégétique.
Indices de suivi des populations
Suivi des populations de lièvres
L’Indice Kilométrique d’Abondance (IKA) est une méthode validée par l’Office Français de la Biodiversité pour suivre l’évolution des populations de lièvres. Elle repose sur un comptage nocturne annuel, réalisé sur un circuit identique chaque année, à l’aide de phares depuis un véhicule, nécessitant une autorisation préfectorale.
Les résultats permettent d’évaluer la tendance de la population (augmentation, stabilisation ou diminution) et d’adapter les prélèvements en fonction de la reproduction et des conditions locales. Bien que nécessitant un encadrement technique, cette méthode peut facilement être confiée à tous les chasseurs gestionnaires de leurs territoires.
Perdrix grise
La perdrix grise, oiseau emblématique des plaines champenoises, fait l’objet d’un suivi attentif et prudent par la Fédération. Sa gestion repose sur le recensement du stock reproducteur au printemps et l’évaluation de la reproduction après la moisson. Ces données permettent d’établir des plans de chasse ou de gestion fixant les prélèvements autorisés à la chasse.
« Les chasseurs assurent le suivi des populations à travers des opérations de comptages permettant d’observer, de recenser et d’évaluer les populations de gibier dans la Marne. »

Le recensement du stock reproducteur évalue le nombre de couples de perdrix sur chaque territoire via des comptages réalisés entre mars et avril. Vingt territoires sont suivis pour revitaliser la chasse au petit gibier, avec des actions comme l’installation d’agrainoirs et des expérimentations pour améliorer la reproduction et lutter contre le réchauffement climatique.
Suivi et gestion du petit gibier
L’objectif est d’estimer le nombre de couples présents sur chaque territoire. La méthode utilisée est celle des battues sur secteurs-échantillons. Ces comptages protocolés avec notre service technique doivent être organisés sur chaque commune en plan de gestion et sous la responsabilité de la structure associative locale.
La méthode consiste à découper le territoire en carré échantillon. Chaque zone sera prospectée par des rabatteurs en ligne, une poussée. A chaque battue, on vide la traque de ses perdrix.
Les comptages sont réalisés entre le 1er mars et le 10 avril sur l’ensemble des communes de l’unité
de gestion, avec la participation de tous les détenteurs.
L’objectif est de revitaliser la chasse du petit gibier, qui est moins pratiquée.
Pourquoi ?
- Pour redynamiser les acteurs du terrain.
- Pour renforcer l’expertise technique en matière de gestion des territoires pour le « Petit Gibier ».
- Pour agir davantage aux côtés des détenteurs qui s’investissent pour le petit gibier.
- Pour innover avec des nouvelles pratiques
- 20 territoires identifiés : (4 ACCA, 8 Sociétés, 8 Privés),
- 11 unités ou groupes de territoires,
- 10 Groupements d'Intérêt Cynégétique + 2 Hors Plan de Gestion,
- 19 141 hectares de plaine,
- Moyenne de 957 ha de plaine
- Densité moyenne perdrix en 2023 = 11,73 couples / 100 ha
- Des territoires déjà bien aménagés ou en devenir.
Début avril 2024, les 20 territoires de suivi ont installé des agrainoirs dans les zones qui nécessitaient d’en remettre, à raison d’un minimum de 3 agrainoirs/100 hectares.
Un dossier technique est en cours sur la composition d’un mélange favorisant la reproduction de la perdrix, ainsi qu’un apport nutritionnel qui aident les poussins dans les premières semaines de leur vie. Des résultats encourageants nous amènent à poursuivre dans cette direction.
De même pour combattre les effets du réchauffement climatique des expérimentations sur l’abreuvage des oiseaux sont en cours.
Notre objectif est de capitaliser sur ces actions expérimentales pour permettre une vulgarisation à plus grande échelle.
Anatidés
La FDC51 s’est inscrite dans un programme important permettant d’améliorer notre connaissance des dynamiques de populations de fuligules milouin et morillon afin d’élaborer des recommandations de gestion.
Ce dernier est basé sur le suivi individuel par capture/marquage/recapture (CMR) réalisé en période de reproduction. L’intérêt de ce baguage est de suivre la femelle et sa nichée pour évaluer le taux de survie des jeunes.
A plus longue échéance, cela va permettre un suivi individuel de l’oiseau pour ainsi mettre en évidence ses déplacements.
Les anatidés suivis sont marqués d’une bague nasale de couleur avec un code afin d’être identifiés de loin même sur l’eau.
Bécasse des Bois
La FDC51 réalise des indices d’abondance nocturnes de bécasse des bois entre début novembre et fin mars. Au cours de ces opérations, les oiseaux qui sont capturés sont alors équipés d’une bague sur la patte. Ce dispositif de baguage est fourni par le Muséum national d’Histoire naturelle, puis l’oiseau est pesé. De même sa classe d’âge est déterminée.
Il s’agit d’un programme mené conjointement par l’Office Français de la Biodiversité (OFB) et les Fédérations des Chasseurs (FDC) à travers le réseau national bécasse des bois.
L’objectif est de mesurer les tendances d’évolution des populations hivernantes, de parfaire les connaissances sur ses trajets migratoires et d’estimer ses taux de survie… entre autres !
En cas de prélèvement à la chasse d’une bécasse baguée, merci de nous en avertir rapidement.
En retour, vous recevez l’historique de l’oiseau depuis la date de sa capture.
Oiseaux communs
Une expertise renforcée en suivi ornithologique
Dans l’objectif d’une expertise toujours plus performante, la Fédération Départementale des Chasseurs de la Marne (FDC51) participe aux suivis participatifs du Suivi Temporel des Oiseaux Communs (STOC) et du Suivi Hivernal des Oiseaux Communs (SHOC), en partenariat avec la Fédération Régionale des Chasseurs.
Le Suivi Temporel des Oiseaux Communs (STOC)
Coordonné par le Muséum National d’Histoire Naturelle depuis plus de 30 ans à l’échelle nationale, le STOC permet de suivre les variations spatiales et temporelles des populations nicheuses d’oiseaux communs. Ce suivi repose sur un protocole d’Échantillonnages Ponctuels Simples.
Le principe est le suivant :
- Chaque point d’observation couvre un rayon de 200 mètres.
- L’ensemble des oiseaux vus et entendus est relevé.
- Dix points sont étudiés sur une maille de 2 km x 2 km.
- Trois passages sont effectués entre le 1er mars et le 15 juin afin de détecter différentes espèces d’oiseaux nicheurs selon leur période d’activité.
Le Suivi Hivernal des Oiseaux Communs (SHOC)
Initié en 2014, le SHOC complète les données du STOC en se focalisant sur les oiseaux hivernants, qu’ils soient sédentaires ou migrateurs.
Contrairement au STOC, le SHOC suit un protocole différent :
- Deux passages sont réalisés, l’un en décembre et l’autre en janvier.
- L’observation se fait par transects, et non par points d’écoute, afin d’évaluer l’impact de l’hiver sur les populations d’oiseaux.
Un suivi rigoureux pour une meilleure expertise
Des personnels de la FDC51, spécialement formés, réalisent ces suivis en respectant strictement les protocoles techniques. Des « carrés » de référence sont répartis sur le département pour assurer la fiabilité des observations.
Ces suivis STOC et SHOC contribuent à affiner l’expertise locale sur l’évolution des populations d’oiseaux et alimentent la base de données nationale officielle, permettant ainsi une meilleure compréhension de la biodiversité à l’échelle nationale.


Chevreuil
La FDC51 contribue à la recherche scientifique. Dans notre département de la Marne se trouve un des deux territoires nationaux d’étude et d’expérimentation sur l’espèce chevreuil. Ce site est situé sur la commune de Trois Fontaines l’Abbaye, il est géré par l’OFB dans un site spécifique de 1 360 ha lui-même compris dans le massif de la Forêt Domaniale de Trois Fontaines, il couvre au global la surface de 5067 ha.
Un des outils principaux, permettant d’atteindre les objectifs des études engagées sur le site depuis 1975 est la reprise des chevreuils aux filets.
Autrefois capturés et partiellement exportés dans le cadre d’opérations de repeuplement en France ou à l’étranger, les chevreuils sont aujourd’hui marqués et équipés d’un collier émetteur pour certains puis relâchés sur le site à des fins exclusivement scientifiques. L’objectif est la poursuite d’un programme d’étude sur la démographie de la population depuis 26 ans.
Une partie des animaux est en effet marquée par boucles auriculaires au stade de faon puis équipée de colliers au stade adulte. Il y a énormément de similitudes avec une battue au grand gibier à la différence près que les chasseurs postés sont remplacés par des filets et des capteurs.
Le rabat est assuré par des traqueurs avec ou sans chien et des élèves de diverses écoles. A l’issue de la journée, chacun pourra assister aux manipulations des animaux capturés. C’est une occasion unique de vivre une journée particulière au contact d’une équipe scientifique exceptionnelle.
Les indicateurs de changement écologique
Il y a près de soixante ans, la gestion cynégétique en France, consistait à rétablir les populations de grande faune largement entamées voire absentes après les conflits mondiaux dans de nombreuses régions. Les résultats furent spectaculaires et toutes les espèces de grand gibier ont rapidement regagné du terrain. Mais avec l’abondance cette fois, un certain nombre de problèmes ont émergé : les dégâts agricoles et forestiers, des impacts sur la biodiversité, des collisions automobiles, et des risques sanitaires.
Le plan de chasse, mis en place dès 1963 et progressivement généralisé à l’ensemble des espèces de grand gibier consiste à atteindre un équilibre entre les populations et leur milieu. Sa mise en place repose sur l’estimation des effectifs présents et la définition des effectifs souhaitables, et s’appuie donc sur la mise en place de différentes méthodes dites de « comptages » battues à blanc, affûts et approches combinés… Et sur les taux d’accroissement annuels des populations fixés de manière empirique.


Cependant des études récentes sur les méthodes de dénombrement des populations de grand gibier ont montré qu’aucune des méthodes de comptage ne reflétait correctement les réalités du terrain ! En effet, ces méthodes ont montré leur marge d’imprécision ! Cette difficulté, ajouté à des plans de chasse plutôt conservateurs ces 20 dernières années, peut expliquer pour partie l’explosion des populations d’ongulés en France. Ainsi il fallait être plus performant dans les outils de travail.
Les ICE ou Indices de Changement Écologique, sont la nouvelle méthode de suivi des populations d’ongulés mise en place en 2016 pour remplacer les seuls « comptages ».
Cette méthode innovante et validée par toutes les instances scientifiques nationales consiste à étudier les variations de l’abondance d’une population et ses interactions avec son milieu.
Principes

L’étude des Indices de Changement Écologique est une méthode indiciaire qui consiste à étudier puis à modéliser trois indicateurs pour déterminer la densité de population, son état de santé et son impact sur le milieu.
L’objectif étant de déterminer si la population est en équilibre avec son milieu ou si la situation est dégradée ou améliorée :
- l’abondance de la population (Indice Nocturne),
- la performance des individus de la population (pesée protocolaire des faons),
- la pression de cette population sur son milieu (Indice de Consommation).
Système population/environnement et densité dépendance
L’étude est basée sur le « Système Population/Environnement » et sur la notion de « Densité Dépendance » :
plus les animaux sont nombreux, plus ils impactent les ressources du milieu, moins nourris ils ont donc tendance
à être moins performants, baisse du poids des jeunes, baisse de la fécondité, baisse des mensurations.

Le tableau de bord
L’outil d’aide à la gestion des populations d’ongulés
Il s’agit là de l’aboutissement de la mise en place des ICE sur une Unité de Gestion : les données collectées sont consignées dans un document synthétique : « Le tableau de bord ».
Ce document regroupe, à l’échelle de l’UG choisie, plusieurs niveaux d’informations reposant sur le suivi et la gestion d’une espèce ou groupe d’espèces en lien avec leur habitat.
Il est composé de plusieurs rubriques allant du diagnostic aux conseils de gestion établis en fonction des principaux objectifs possibles (baisse, stabilisation ou hausse de la population).
Les informations contenues dans chaque rubrique portent sur :
- les caractéristiques géographiques de l’UG (surfaces totale et forestière),
- l’historique du plan de chasse (attributions-réalisations),
- l’évolution des ICE de l’UG sous la forme de graphiques synthétiques et leur tendance d’évolution,
- une interprétation du bilan croisé des résultats issus des suivis mis en place sur l’unité de gestion,
- une représentation du niveau d’équilibre « population / environnement » mentionnant la situation actuelle selon les trois propositions amélioration, stabilisation ou dégradation,
- une analyse de la fiabilité des suivis établie à partir d’une grille d’évaluation détaillée,
- un tableau présentant les principales propositions de gestion possible établies en fonction d’objectifs préétablis,
- l’évolution historique de l’ensemble des données issues des suivis mis en place (plan de chasse, ICE).
Chaque tableau de bord est complété par un rapport technique garantissant la validité statistique des informations et apportant toutes les précisions nécessaires aux utilisateurs du document.
Leur conception est réalisée conjointement par les professionnels des instances cynégétiques et forestières afin d’avoir une vision collective et partagée de chaque situation.
Cet outil d’aide à la décision est aujourd’hui déployé sur les UG de la Marne où nous cumulons au moins trois années de données sur les trois Indicateurs.